Histoire et Géographie

Mayotte, l'île au lagon

Située dans l'hémisphère sud, entre l'équateur et le tropique du Capricorne, à l'entrée du Canal du Mozambique, à mi-chemin entre Madagascar et l'Afrique, Mayotte est un petit archipel volcanique de 374 km². Il forme lui-même la partie orientale de l'archipel des Comores. Mayotte comprend deux îles principales et une trentaine de petits îlots parsemés dans un lagon étendu sur plus de 1 500 km². L'île principale, Grande-Terre, découpée et pentue, est formée de 6 massifs érodés dont le point culminant est le Mont Bénara (660 m).

L'îlot de Pamandzi et le rocher de Dzaoudzi, reliés par une digue appelée le Boulevard des Crabes, constituent Petite-Terre. Le chef-lieu administratif est situé à Dzaoudzi, mais l'activité économique est concentrée autour de Mamoudzou, en Grande-Terre. Petite-Terre et Mamoudzou sont les zones les plus urbanisées.

Les Comores sont d'origine volcanique et Mayotte est la plus ancienne île de l'archipel (environ 8 millions d'années). Elle possède un relief moins accentué du fait de l'érosion et de l'enfoncement de son plateau. Les traces du volcanisme ancien sont présentes sur l'île : le cratère de Dzaoudzi, occupé par le lac Dziani en Petite-Terre, le cirque de Cavani en Grande Terre.

Les côtes, très découpées, forment des caps, des presqu'îles, des baies profondes bordées de mangroves. C'est la forme particulière de l'île qui lui a valu le surnom " d'île hippocampe ".

Mayotte, qui a su préserver son environnement naturel , possède l'un des plus grands et des plus beaux lagons du monde, délimité par une barrière de corail longue de plus de 160 km, elle-même coupée par une dizaine de passes. Le climat, de type " tropical humide " (moyenne annuelle des températures : 25,6 °C) alterne deux saisons :

  • la saison des pluies, d'octobre à mars, pendant laquelle la mousson venant du nord arrose l'île. Les températures sont élevées et le taux d'humidité très important. 80 % des précipitations surviennent pendant cette période. C'est également la saison des cyclones et des dépressions tropicales, même si Mayotte, protégée à l’est par Madagascar, est peu exposée au risque cyclonique.
  • la saison sèche, d'avril à septembre, pendant l'hiver austral. Les alizés venant du sud-est rafraîchissent l'atmosphère, le taux d'humidité est moins important, et la pluie se raréfie.

 

Des origines aux razzias malgaches (V ème   au XIX ème   siècle)

Situé entre le Vème  et le VIIIème  siècle, le peuplement originel de Mayotte serait d'origine bantoue. Jusqu'au XIIIème  siècle, le commerce se développe avec les autres îles du Canal du Mozambique, Madagascar et l'Afrique. Les invasions arabes se succèdent en apportant la culture swahilie et la religion musulmane. Des sultanats rivaux se créent dans l'archipel des Comores. Les premiers Européens, Portugais et Français, débarquent à Mayotte vers le XVème  siècle, et utilisent l'archipel comme point de ravitaillement sur la route des Indes.

Fin XVIIIème  – début XIXème , Mayotte affronte des troubles violents (razzias d'esclaves par les Malgaches, pillages, guerres de succession, etc.,) réduisant sa population à 3 000 personnes.

 

Mayotte française

Le 25 avril 1841, pour écarter le danger des attaques extérieures, notamment comoriennes, le sultan d’origine malgache Andriantsouli cède l'île de Mayotte à la France, représentée par le Commandant Passot. Mayotte devient dès lors protectorat français.

L’esclavage est aboli dès 1846. De 1886 à 1892, la France établit son protectorat sur les trois autres îles des Comores, l'archipel étant placé sous l'autorité du gouverneur de Mayotte. La loi du 25 juillet 1912 rattache la colonie de " Mayotte et Dépendances " à la colonie française de Madagascar.

En 1946, l'archipel des Comores obtient le statut de Territoire d'Outre-mer, Dzaoudzi étant son chef-lieu. Peu après l'application du statut de TOM prévu par la Constitution de 1958, les Grands Comoriens imposent aux Mahorais brimades, humiliations, restriction de crédits et enfin le transfert du chef-lieu à Moroni.

Un référendum sur l'indépendance des îles des Comores est organisé en décembre 1974. Le décompte des voix île par île témoigne du souhait de Mayotte de rester au sein de la République française à 63,8 %. Les Mahorais sont de nouveau consultés en février 1976 : ils plébiscitent à 99,4% le maintien de l’île dans l’ensemble français. La loi du 24 décembre 1976 dote Mayotte d'un statut provisoire de Collectivité Territoriale de la République.

La loi du 22 décembre 1979 réaffirme l’ancrage de Mayotte dans la République française en stipulant que " l'île de Mayotte fait partie de la République française et ne peut cesser d'y appartenir sans le consentement de sa population".

 

Le statut de Mayotte, territoire français inscrit dans la Constitution

Vingt et un ans plus tard, le 27 janvier 2000, un accord sur l'avenir de Mayotte est signé au nom de l'État par le Secrétaire d'État à l'Outre-mer avec le Président du Conseil Général et les principaux partis politiques de l'île. Cet accord, qui se propose de fixer les objectifs communs de l'État et de la Collectivité ainsi que les orientations statutaires, conclut une longue et intense démarche de travail concerté. Conformément aux engagements pris, la population de Mayotte est consultée le 2 juillet 2000 et se prononce à 72,94 % favorable à cet accord. Ce sont les dispositions de cet accord qui vont être traduites dans la loi du 11 juillet 2001.

La loi n°2001-616 du 11 juillet 2001, qui réaffirme l’appartenance de Mayotte à la République, dote l’île du statut de "Collectivité Départementale" et fixe les étapes de la décentralisation. Celle-ci vise essentiellement à transférer le pouvoir exécutif du Préfet au Président du Conseil Général et à mettre en pratique les grands principes régissant l’organisation administrative (principes fixés par la loi de décentralisation du 2 mars 1982).

La loi constitutionnelle du 28 mars 2003 inscrit Mayotte dans la Constitution de la République française avec la nouvelle rédaction de l'article 72-3 : " La République reconnaît, au sein du peuple français, les populations d'outre-mer, dans un idéal commun de liberté, d'égalité et de fraternité. La Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, La Réunion, Mayotte, Saint-Pierre-et-Miquelon, les îles Wallis et Futuna et la Polynésie française sont régis par l'article 73 pour les départements et les régions d'outre-mer, et pour les collectivités territoriales créées en application du dernier alinéa de l'article 73, et par l'article 74 pour les autres collectivités...".

La loi de programme pour l'Outre-mer du 21 juillet 2003, prévoit en grande partie des mesures en faveur de l'emploi et du développement économique et social. Le Titre VI bis de la loi s’adresse de manière spécifique aux agents exerçant des fonctions de la compétence de l’Etat, des collectivités territoriales ou des établissements publics hospitaliers. L’article 64-II de la loi du 21 juillet 2003 prévoit également l’intégration dans la fonction publique des agents titulaires d’un emploi de la collectivité départementale, d’une commune ou d’un établissement public administratif de Mayotte au plus tard au 31 décembre 2010.

 

Une consultation très attendue 

Le 29 mars 2009, les Mahorais ont été appelés aux urnes dans le cadre d’une consultation. A 95.2% ils s’expriment en faveur de la départementalisation.

Face à une telle détermination, La loi organique n° 2009-969 du 3 août 2009 relative à l'évolution institutionnelle de la Nouvelle-Calédonie et à la départementalisation de Mayotte, stipule dans son article 63 qu’à compter de la première réunion suivant le renouvellement de son assemblée délibérante en 2011, la collectivité départementale de Mayotte est érigée en une collectivité régie par l'article 73 de la Constitution, qui prend le nom de "Département de Mayotte” et exerce les compétences dévolues aux départements d'outre-mer et aux régions d'outre-mer». Ceci est effectif depuis le 31 mars 2011.

 

Mayotte au sein de l'Union Européenne

Mayotte a accédé depuis le 1er janvier 2014, au statut de région ultra périphérique (RUP) de l'Union Européenne et elle peut donc bénéficier, pour la période 2014-2020, des fonds européens structurels et d'investissement en faveur de son développement socio-économique et environnemental.